Folk / Anti-folk : Other Lives / Herman Düne - Concert Lille

Êtes-vous folk ou plutôt anti-folk ? Si vous optez pour la première réponse, vous pouvez vous diriger les yeux fermés – mais les oreilles grandes ouvertes – vers le concert d’Other Lives. Venue du fin fond de l’Oklahoma (États-Unis), cette formation distille un folk vocal et orchestral aux instrumentations léchées (avec harmonium, orgue, vibraphone, clavecin, violoncelle). Pour vous convaincre de les découvrir en live, une seule écoute du splendide album « Tamer Animals » devrait suffire.

Si vous en pincez pour l’anti-folk, cette vision punk du folk américain, on vous recommande Herman Düne, groupe français influencé par Lou Barlow / Sebadoh et Silver Jews. En une décennie, la bande a écrit une musique surprenante, entraînante, et tracé un chemin original des deux côtés de la Manche et de l’Atlantique. Au point d’enregistrer son nouvel album, « Strange Moosic », à Portland (États-Unis).

Other Lives. Le Grand Mix, 5, place
Notre-Dame, Tourcoing.
Tél. : 03 20 70 10 00.
www.legrandmix.com.
Herman Düne. Le Splendid, 1, place du
Mont-de-Terre, Lille. Le 23
novembre à 20h. Tarif : 21,80 a.
Tél. : 03 20 33 17 34.
www.le-splendid.com



Taj Mahal - African Mountain Blues (Concert à Paris)

« Taj Mahal et autres merveilles du monde. » C’est par ce titre qu’un grand hebdomadaire a annoncé le concert de blues-world au Festival d’Aulnay, le 19 novembre. Il faisait allusion au fameux monument, en Inde. Mais le Taj Mahal en question est bien un homme, et non une idole lointaine devant laquelle les fidèles se prosternent. De son vrai nom Henry Saint Clair Fredericks, c’est un géant noir, costaud, à la voix puissante, éraillée, l’un des plus illustres musiciens de l’après-guerre.

Il commence à jouer, dans le chaudron des années 1960, un blues vif et offensif dont l’insolence et la vigueur plaisent au public de l’époque, même blanc. Taj Mahal s’ouvre ensuite à la world music, réhabilite le tuba dans son disque The Real Thing, s’adonne au calypso, essaie la musique indienne, bien décidé à donner du sens à son oeuvre, à approfondir le dialogue entre l’Afrique lointaine et le sud des Etats-Unis. Son concert à Aulnay entre bien dans sa sainte mission. La ville, déjà mythique, s’est fait connaître aux Etats- Unis en produisant un CD nominé, en 2010, aux fameux Grammy Awards dans la catégorie « meilleur album de blues traditionnel ».

Taj Mahal lui a donc réservé sa seule date en France. Il n’a pas lésiné sur l’ambition. Il croisera plusieurs grands artistes venus du continent noir et du nouveau monde : la chanteuse rebelle mauritanienne Malouma que des interdictions de chanter dans son pays n’ont pas découragée, bien au contraire, le Nigérien Yacouba
Moumouni, et un mythique groupe du Mississippi, composé de fifres et de percussions sauvages, The Rising Star Fife and Drums Band. Des merveilles du monde, à quelques stations de métro. Et surtout une création inédite.



Festival Aulnay Blues, le
19 novembre à 21 h au Théâtre
Jacques Prévert, 134, rue Anatole
France, Aulnay (93). RER B Aulnay,
sortie côté rue du 11 novembre. Tél. :
01 48 68 00 22. Pl. : de 10 à 22 ¤.

Le LA beat monte à Paris

La soirée Wide Style vs Brand New Second Hand, avec le trio Samiyam, Free The Robots et Nasty- Nasty, met la Machine du Moulin Rouge à l’heure californienne. S’ils ne sont pas les plus connus, ils font au moins partie des représentants les plus intéressants de la scène “LA Beat”. Samiyam, alias Sam Baker, est l’un des piliers de Brainfeeder – le label fer de lance de la scène susnommée –, et son album Rapbeats en était d’ailleurs la première sortie. Il avait déjà oeuvré sur le projet Flyamsam et vient présenter son nouveau disque, sobrement intitulé Sam Baker’s Album, une étape de plus dans la grande quête du “bleu beat” entamée par Brainfeeder. Son premier live à Paris devrait relancer les débats chez les spécialistes des études comparatives entre les disques de l’ère post-J Dilla. Chris Alfaro, auteur sous le pseudo de Free The Robots du hit laidback Jazz Hole, mixe jazz, hip hop et pop psyché sur ses disques. Le producteur est hébergé par le label Alpha Pup qui distribue en digital les sorties de Brainfeeder, signe de l’intense collusion d’intérêts qui règne au sein de cette scène néo-psyché californienne. Sur son premier album éponyme en 2008 figurait déjà Gaslamp Killer, et Free The Robots est DJ résident de la soirée hebdomadaire Low End Theory. On vous conseille vivement d’écouter son dernier effort studio,

Enfin, on verra aussi un live de NastyNasty, qui arrive à créer de l’émotion dans des productions remplies de bleeps et de voix filtrées à l’Autotune, ce qui n’est pas une mince performance. Nouvelle tête de la Bay Area, Planet Mu, le fameux label de Mike Paradinas, a déjà signé son single No Name, sorte de dubstep trituré et torturé plutôt créatif. NastyNasty avait auparavant superbement déconstruit le standard After Laughter Come Tears de Wendy René sur son Apologies. Après ces bons moments, on finira la soirée avec les sets du Young Gun Manaré, dont la cote ne cesse de grimper, et de Jackson sans son Computer Band, qui nous a fait admirer le week-end dernier une petite danse sur ses jambes arquées dans le booth de la Boom-Box. Ce qui aura au moins eu le mérite de prouver que les DJ’s ne sont pas des hommes-troncs comme les speakerines de la télévision.
Soirée Wide Style vs Brand New Second Hand,
le 11 novembre à 23 h à la Machine du
Moulin Rouge, 90, bd de Clichy, 18e.
www.lamachinedumoulinrouge.com.


Les Nuits capitales 2

Artistes en vue et hors circuit
Les Nuits capitales sont aussi l’occasion de découvrir d’autres secteurs de la ville, d’autres repaires pour initiés ou non. Et les artistes dans tout ça ? Le festival qui entend « redonner des couleurs à la nuit parisienne et faire tomber les barrières entre toutes les musiques qui en sont l’âme » voit large : du jazz aux musiques électroniques en passant par les musiques du monde, le hip hop, le rock ou la chanson. En somme, des dizaines de découvertes et plein de gens que l’on suit, dont Albin de la Simone et Sandra Nkaké (au Centquatre, le 14) ; Bombino (à la Dynamo, le 15) ; Akhenaton et Laurent Garnier (au Rex Club, le 16) ; Viva And The Diva (à La Maroquinerie, le 17) ; Jeff Mills (au Rex Club, le 19) ou encore DJ Chloé
(au Rex Club, le 20) – liste loin d’être exhaustive. Mais la singularité des Nuits capitales réside dans son programme “hors circuit”. A ce titre figurent des événements dans des lieux insolites : un concert de Paul Personne dans les locaux de Ouï FM ; des croisières électro sur la Seine ; une soirée de glisse et de house music à la patinoire Pailleron ; un bus dancefloor roulant ; ou encore la possibilité d’assister aux répétitions de No One Is Innocent et Erevan Tusk aux studios Smom. Magnétisme des Nuits capitales.



Les Nuits capitales # 2, du 14 au
20 novembre dans divers lieux à
Paris et en banlieue. Informations
sur www.nuitscapitales.com.

FM Laeti au New Morning - Concert Soul

Encore une fois, la pochette n’inspire pas confiance. On y voit une jeune chanteuse noire, trop belle, trop lisse. Mais il ne s’agit pas d’une énième diva du r’n’b. Dès les premières notes, toutes nos préventions tombent. L’apparence parfaite n’étouffe pas la bonne chanteuse, à la voix un peu voilée et chaude, FM Laeti, qui pousse la soul comme si elle avait grandi dans le sud des Etats-Unis. Et pourtant, elle est française, et se nomme Lætitia Bourgeois.

Née en Guadeloupe, elle a grandi au Canada, erré à quelques encablures de Chicago. Chaque fois qu’elle quittait un endroit, suivant sa famille, elle prenait soin d’emporter avec elle ses bagages musicaux, Percy Sledge, Otis Redding, mais aussi un petit bout de son île, la biguine. Car elle a toujours voulu chanter, jouer, et a fini par accomplir son rêve, enregistrant son premier album, It Will All Come Around. Avec son complice de l’ombre, François-Marie Dru (d’où peut être le surnom de scène “FM Laeti”), elle a ajouté des orgues, une harpe, un ukulélé et des cuivres, splendide tapisserie pour emballer quelques bijoux mélodieux comme son morceau phare, Rise in the Sun, qui l’a fait connaître, le lent et mélancolique Boy, ou ce Sunken Dream magnifiquement orchestré. On l’a rapprochée un peu vite de l’autre phénomène masculin, Ben l’Oncle Soul, afin de constituer une sorte de famille. Mais, contrairement à son homologue masculin, plus tapageur,
la jeune femme ne cède rien à sa ligne intime, préservant une belle unité de ton, entre douce biguine et soul élégante.



Le 7 novembre à 20 h au New
Morning, 7-9, rue des Petites
Ecuries, 10e. M° Château d’eau.
Tél. : 01 45 23 51 41. Places : 20,80 ¤.

Jungle Juice fête sa cinquième saison

Jungle Juice fête sa cinquième saison et sa dixième Limited, des soirées où figurent uniquement des artistes de drum’n’bass, contrairement aux soirées “régulières”, qui ouvrent leurs platines notamment aux producteurs de dubstep. Délocalisée pour la première fois à La Machine du Moulin Rouge au lieu du Cabaret Sauvage, le programme s’annonce une nouvelle fois fastueux.

En tête d’affiche, les Néerlandais de Black Sun Empire viendront faire découvrir leur drum’n’ bass ultra-sombre. S’ils s’essayent au dubstep depuis quelque temps, ils ont exploré diverses sonorités durant leurs quinze ans de carrière, s’offrant aussi des ponts vers les FM avec un titre comme Dark Girl, bien plus downtempo et mélancolique. L’un des sets les plus scrutés de la soirée sera sans doute celui du jeune prodige Rockwell, adepte d’une drum’n’bass réduite à sa portion essentielle, à sa quintessence diront certains. Sorte d’alter ego de Burial dans le genre, il est signé sur Shogun Audio, le label de DJ Friction. Sur ses prods très harmonieuses, ses beats étouffés donnent l’impression de claquer sur du velours. Les nappes y sont reposantes, jamais agressives, à l’instar de ses titres Underpass et le bien nommé Stay Calm, pour un set qui s’annonce très apaisant.

Celui qui emballera vraiment le dancefloor sera ShockOne, un Australien installé en Angleterre, signé sur Viper Recordings, et auteur avec Crucify Me d’un hit crossover bruitiste qui devrait le mener sur les traces de ses compatriotes Pendulum, auteurs d’une métamorphose après l’album Hold Your Colours. Au micro, le Britannique Stamina encadrera les différentes troupes et fera office de maître de cérémonie.


Jungle Juice Limited 10, le 5
nov. de 23 h à 5 h à la Machine
du Moulin Rouge, 90, bd de
Clichy, 18e. Entrée : 20-22 €.